- Les Echos
Platon comme porte-parole de la stratégie de changement
En cette rentrée des classes, l’heure est aux classiques de la philosophie. Parfois même les classiques nous montrent combien ils sont actuels. Prenons l’exemple de Platon, et l’allégorie de la caverne. Le message du philosophe s’applique parfaitement bien à la conduite du changement : ne pas considérer la difficulté de changer constitue un magnifique échec du changement.
L’allégorie de la caverne ou la difficulté de vivre le changement
Rappelons rapidement la métaphore : des hommes sont enfermés dans une caverne, depuis laquelle ils ne voient qu’une lumière artificielle. Cette lumière, un feu allumé, projette sur les murs des ombres. Si on oblige un d’entre eux à quitter cette caverne, il sera d’abord ébloui par la lumière du jour qu’il ne connait pas et voudra certainement revenir à sa situation initiale – son ancien référentiel. S’il persiste et qu’il accepte ce changement, il se rendra compte de la réalité et de sa condition antérieure.
Cependant il aura beaucoup de mal à se faire accepter auprès de ses anciens semblables, car ils refuseront de croire en ce changement et en une réalité alternative. Le message qui nous intéressera, ici, est celui de la difficulté à épouser un changement brutal et de le promouvoir auprès de ses semblables.
La nécessité de co-construire le changement
L’écoute, l’analyse des freins, la cartographie des groupes sociaux sont des éléments essentiels de la conduite du changement. Car pour atteindre son succès le changement doit être légitime, utile et accepté par ses destinataires. C’est pourquoi lorsque l’on initie une démarche de changement il est primordial de concerter les parties prenantes, de bien comprendre leurs besoins, mais aussi leurs craintes.
La certification IMCM(2) a bien mis en avant cette notion, notamment au travers de l’outil « PARLER » :
P : proposer un programme de travail
A : obtenir l’accord des parties prenantes
R : réaliser ou adapter avec l’accord des parties
L : livrer les documents et la synthèse
E : évaluer la phase
R : reprendre les points à traiter
Parmi les exemples de stratégie du changement en entreprise nous pouvons citer la Caisse d’Epargne Ile de France et son projet de dématérialisation. Dans le cadre de sa transformation digitale, la Caisse d’Épargne a lancé en 2008 un projet de dématérialisation conséquent s’étalant sur 10 ans. Afin de répondre au mieux aux besoins des agences, la Caisse d’Épargne a placé le collaborateur au centre de ses réflexions en n’imposant pas une solution ferme, mais en s’adaptant aux souhaits des collaborateurs. Cette démarche a permis d’adapter la solution aux différents besoins des agences et de constater une réelle amélioration du changement, confirmée par les utilisateurs.
Nous en conviendrons, appliqué à un projet de changement en entreprise la parabole de Platon résonne comme un très bon conseil – voire un point d’attention majeur. Ne pas considérer les réticences des destinataires du changement revient à imposer une transformation qui aura du mal à trouver des portes-paroles, et qui sera certainement un échec.
Cette co-construction du changement s’appuierait sur l’analyse des groupes sociaux, de leurs souhaits et craintes, afin d’améliorer leur quotidien ou d’en faire des promoteurs de la transformation de l’entreprise. Alors, en cette rentrée, prêt à co-construire le changement ?
Maxime Baduel
1) La République, Livre VII, Platon
2) Certification IMCM, ACMC (https://www.imcm.eu/)
Voir : https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/platon-un-pionnier-de-la-strategie-du-changement-1011397
